Divorces en série: que se passe-t-il dans nos foyers ?

Cet article s’inscrit dans notre initiative de contributions éditoriales ouvertes, visant à encourager un élan participatif au sein de notre communauté.
Nous croyons fermement que les témoignages personnels, tout comme les rappels spirituels, sont essentiels pour nourrir une réflexion collective et bâtir une communauté consciente, engagée et capable de semer des graines de changement face aux idées néfastes qui nous entourent.

Nous remercions chaleureusement Yamna, autrice du blog Soyez puissante, pour cette contribution précieuse.

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Épidémie de divorce : Pourquoi faisons-nous ce qu'Allah déteste le plus?

En Islam, le divorce est décrit comme :

« La chose la plus détestée qu’Allah a permise. »1

Oui, c’est permis. Mais c’est détesté. Ce n’est pas un péché. Mais c’est un dernier recours, une sortie d’urgence.

À notre époque moderne, pleine de tentations et de confusion, il devenu presque banal de ?  Rompre ce que l’on a construit devant Allah.

Pourquoi notre communauté, celle qui a reçu le Coran, et qui suit le Prophète صلى الله عليه وسلم,  se sépare à une vitesse alarmante et presque sans état d’âme ?

Symptôme d’un cœur déconnecté. Un mal spirituel

Allah جل جلاله dit dans le Coran (2:231) :
« Vivez avec elles dans le Maʿrûf (la bonne entente), ou séparez-vous d’elles avec bienséance. »

Voilà une base fondamentale que beaucoup ont oublié.

Aujourd’hui trop de couples musulmans se séparent dans la laideur, dans le dénigrement, la vengeance, la rancune.

Et parfois ces couples excellent à se détester. Ils mettent plus d’énergie dans la guerre du divorce que dans la paix du mariage.

Plus de ruses, plus de venin.

Se mépriser devient un art. Une guerre sale, une explosion de haine et d’humiliation.

Alors le diable se frotte les mains. Car chaque fois qu’un couple se déchire dans la haine, l’orgueil et l’oubli de Dieu, c’est un foyer qui s’éteint… notre société qui s’affaiblit. Ce sont nos enfants, des générations entières qui héritent d’une douleur qu’ils n’ont pas choisie.

Oubliant que même la séparation est un acte spirituel. On ne respecte plus la parole d’Allah .”qui nous ordonne de nous séparer “avec bienséance.  Et ce divorce dit quelque chose de notre lien avec Allah.

Ce lien entre nous et notre Créateur est malade. Fatigué. Chétif. Négligé. Ce n’est pas juste un divorce qui tourne mal.

C’est un mal spirituel qui touche toute la Oummah.

La génération du confort.

Il est essentiel de se rappeler que les épreuves conjugales, parfois douloureuses, peuvent être un moyen pour le croyant d’expier ses péchés, comme le rappelle ce hadîth du : صلى الله عليه وسلم Prophète

« Le croyant n’est pas touché par une maladie, une peine, une tristesse, une inquiétude ou un mal, voire une épine qui l’égratigne, sans qu’Allah n’absolve, en contrepartie, certains de ses péchés. »(Al-Bukhari & Muslim)

On est devenus des croyants fragiles. On a peur des épreuves, comme si elles étaient une injustice. On ne comprend plus leur sens spirituel, leur rôle dans la purification de l’âme.

On a perdu la capacité à se tenir droit quand tout vacille.
Alors on fuit, on abandonne, on “passe à autre chose” dès que ça devient difficile.

Parce que la modernité nous a vendu du rêve. Une promesse : Un monde sans douleur. Un monde où tout est facile.

Où les défis sont évités, où le confort et la satisfaction immédiate deviennent des priorités absolues.

La patience ? Ce n’est plus une vertu. C’est un truc de grands-mères, qui avaient le temps de faire mijoter des plats. Elles savaient patienter avec noblesse, et traverser les épreuves avec dignité.

Mais nous ? Nous avons relégué la patience, le sabr, aux temps anciens. Parce que nous, on est “modernes”. On ne patiente plus.
On commande un Uber pour rentrer, un autre pour manger.

Et on uberise aussi nos mariages.
Un clic, un contrat. Juste l’excitation du moment.
Un désaccord ? On supprime. Ce n’est pas ce que j’avais commandé. Trop vite mariés, trop vite lassés.
Et on swipe vers la prochaine personne à tester.

Le mariage, c’est devenu quelque chose qu’on “consomme”. Pas qu’on honore.

Nous, on veut kiffer la vie, maintenant ! Alors on a jeté le sabr à la poubelle. Avec la pudeur, l’effort, l’engagement moral.

Toute une génération, bombardée d’opinions, d’idéologies et de distractions, finit par rêver d’un mariage Instagramable 2.

Un mariage de surface calibré pour le regard des autres.

Des photos parfaites, des brunchs à Bali, en passant par Dubai.
Une escale à Jeddah, il faut une photo de la Kaaba pour le feed, bien sûr.

Mais derrière les filtres, l’illusion.
Le cœur devient malléable, instable.
On se fond dans un modèle qui nous éloigne de la sincérité, de l’essentiel, de Dieu.

Et puis il faut l’appartement façon Pinterest,
le dressing pour Monsieur, un autre pour Madame.
La voiture dernier cri, parce qu’il faut que ça claque.

Ils passent le week-end à Marrakech et divorcent le lundi.

Une génération décomplexée qui croit tout savoir, mais ne comprend rien. Incapable de saisir la noblesse et l’engagement que le mariage exige.

Oui, je sais, je force le trait. Mais… je caricature à peine.

L’épidémie de divorce n’est pas un hasard. C’est le symptôme visible d’une maladie invisible.

Elle n’épargne personne : ni les jeunes mariés, ni les couples après 15 ou 20 ans de vie commune.

Comme un poison lent, elle contamine la Oummah, doucement, profondément.

Ce n’est pas un simple divorce. C’est un déchirement du lien avec Allah Une crise de foi. Une crise de cœur. Une crise spirituelle.

  • Un cœur trop occupé à courir après ce qui brille.

Notre époque a tout sauf ce qui éclaire. Trop de savoir, pas de sagesse. Trop d’informations, pas de lumière.

Et pourtant, l’Islam était censée être cette lumière. Mais quand la Foi est déconnectée du cœur et de la conscience, que nous reste-t-il ?

Le croyant devient une coquille vide. Un esprit noyé dans le bruit.page3image5360480

Et son cœur ? Il est mort.
Uber l’a tué.
En tous cas la logique de l’instantané, de la jouissance immédiate du confort sans effort, de la réussite visible, du « tout, tout de suite ».

L’amour de ce bas monde nous a rendus mous, fragiles. Incapables de patience, d’endurance, de sacrifice.

Une Foi qui ne ressent plus. Qui ne résiste plus, ne réfléchit plus. C’est une Foi débranchée de la vie intérieure.

C’est juste un déguisement.

On nous a vendu une Foi express, une religion light qui ne dérange pas, qui ne transforme plus.

Détourner son cœur de ce qui compte vraiment.

Aujourd’hui, on est juste déguisés en musulmans, c’est ça ?

Ce n’est pas la modernité le vrai problème.
Elle n’est qu’un prétexte de plus, empilée sur toutes les autres.
Le vrai combat, c’est contre l’engourdissement de nos cœurs.
Contre cette paresse intérieure qui nous pousse à nous satisfaire de la médiocrité. Contre la banalisation de la perte de nos valeurs. De notre pudeur.
On se déshonore.
On s’humilie.
Tous les jours.

Ceci n’est pas une critique.
C’est une déclaration de guerre.
Contre le « moi » dominateur, celui qui prend toute la place, qui a oublié Dieu.

Ce « moi » gouverne notre temps, nos désirs, nos rêves, nos choix…TOUT Il veut tout, exige tout, consomme tout.

Mais ne se soumet à rien.
Et Dieu ? Il est là en théorie, mais absent de nos choix, de nos actes, de nos priorités. Et

encore plus absent de nos mariages.

L’épidémie de divorce n’étant qu’un symptôme parmi d’autres de l’oubli de Dieu dans toutes les sphères de nos vies.

Le symptôme d’un cœur où Dieu ne règne plus.
Où est passée la Foi qui ne cède pas aux distractions du monde?

  • Où est passé le Tawhid ?

On ne parle pas juste d’un mariage qui s’effondre.

On parle d’un Tawḥîd qu’on a délaissé.
Le Tawḥîd, ce n’est pas simplement dire : « Allah est Le Seul Digne d’être adoré ». Avec

sa langue.

C’est vivre comme si rien ni personne d’autre ne méritait notre soumission, notre amour, notre confiance.

C’est transformer sa vie intérieure et extérieure, en plaçant Dieu au centre de chaque pensée, chaque choix, chaque action et chaque relation.

Sans Tawhid c’est là que l’Homme moderne s’effondre. Écrasé par le poids de son propre vide.
Libre, mais sans repères.
Connecté, mais profondément seul.

Riche, mais spirituellement assoiffé.
S’accrocher au Tawḥîd, c’est résister à un monde qui nous pousse à oublier Dieu. Parce que croire, ce n’est pas simplement ne pas être athée.
Croire, c’est mettre Allah جل جلاله au centre de tout.
C’est ordonner sa vie autour de cette vérité unique.
C’est faire du Coran le mode d’emploi de notre existence.

Notre fitra est brouillée.

La fitra, cette nature pure qu’Allah جل جلاله a placée en chaque être humain, reconnaît spontanément le Créateur, elle incline vers le bien, vers la vérité, vers l’adoration.

Mais aujourd’hui, elle est dévoyée, étouffée sous des couches de slogans modernes : « Suis ton cœur, pas les règles »

« Libère-toi de toute contrainte »

Le musulman est devenu individualiste, égoïste, tourné vers ses désirs immédiats, oubliant ce pour quoi il a été créé.

Chaque jour, il est biberonné à la nouvelle religion moderne : celle du “Moi d’abord”, du “je veux”, “je mérite”, “je décide”.

Une foi inversée, où Dieu ne guide plus… Parce que le seul dieu à servir, c’est le moi.

On vit dans un monde qui a inversé les valeurs.
On ne cherche plus à être une source de bien pour les autres mais on cherche à se satisfaire.

Le combat n’est pas juste contre le divorce.

Le véritable combat, c’est contre ce virus mental et spirituel
qui vous a fait croire que votre bonheur passe avant votre responsabilité.

Que votre confort émotionnel vaut plus que votre engagement solennel.

Que si ça ne “matche plus”… vous avez le droit de “next”.

On parle d’un lien lourd. Un acte d’adoration dans lequel Allah جل جلاله a mis de la mawada (affection) et de la rahma (bonté, miséricorde).

Alors, dites-moi sincèrement : Qu’avez-vous fait de ces cadeaux divins ?

Avons-nous encore la Foi ?

Pas une Foi héritée, répétée, endormie.

Mais une Foi éveillée.Vivante !
Une Foi qui résiste à la tentation de tout quitter dès que c’est dur.
Une Foi qui reconnecte notre cœur à Allah جل جلاله avec humilité, en tremblant de mal faire.

Car tant que notre cœur reste éteint… tout reste lourd. L’adoration est lourde.
Le mariage est lourd.
Les épreuves sont lourdes.

Même le bonheur devient vide.

  • Réparez avant de détruire

Alors oui, il y a des cas où le divorce est nécessaire. Oui, il existe des foyers destructeurs.

Et non, je ne parle pas de cela.
Je vous parle ici de réveiller sa Foi. De sursaut !

De patience, d’endurance, de sabr, de moralité
De ce pacte immense qu’est le mariage, une alliance bénie, un contrat devant Allah

Un lien si profond qu’il mérite qu’on y mette du temps, de la douceur, de la tendresse, des efforts et même du sacrifice. Non, le sacrifice n’est pas un gros mot.

Un lien si profond qu’il mérite d’être nourri, soigné avec une bonne intention3, celle de satisfaire Allah.
Et surtout un lien qu’il faut entretenir et réparer avec miséricorde.

Alors avant de fuir, de claquer la porte,
Avant de dire “j’en peux plus” et de poser un acte irréversible.

Demandez-vous avec honnêteté :

Est-ce vraiment lui le problème ?
Ou bien est-ce l’occasion pour vous de grandir, de mûrir? De revenir vers Dieu ?
De nettoyer votre cœur, avant de quitter votre maison ?

Parce que parfois, ce que vous cherchez à fuir,
ce n’est pas votre mari…
c’est l’orgueil, la colère, les blessures, l’incompréhension.

C’est vous-même que vous ne supportez plus, celle qui souffre en silence et qui a besoin d’être entendue… par Allah.

Parce qu’au fond, ce n’est pas simplement le mariage qu’on détruit.
C’est le socle même de notre Oummah qu’on laisse s’effondrer. En silence.

Il est temps de retrouver une Foi enracinée et courageuse. Non pas une foi qui se conforme, mais qui résiste aux sirènes de la modernité.

Une Foi qui guérit au lieu de fuir. Qui restaure au lieu de rompre.Une Foi qui pardonne. Une Foi qui pousse à revenir, encore et encore, vers Allah. Sincèrement. Humblement. Et Allahou A’lam (Et Allah est le plus savant)

Yamna du blog " Soyez puissante", pour Aseela.org.

Notes:

1: « Parmi les choses licites, celle qu’Allah déteste le plus est le divorce. »(أبغض الحلال إلى الله الطلاق)
Références :Ce hadith est rapporté par Abu Dawud (n°2178) dans ses Sunan, d’après Abdullah ibn Umar. Cependant, il est important de noter que ce hadith est considéré comme faible (da‘îf) par plusieurs spécialistes du hadith, notamment Al-Albani, qui l’a jugé faible dans Irwâ’ al-Ghalîl.
Ce qu’en disent les savants :
Même s’il est faible sur le plan de la chaîne de transmission, le sens du hadith est généralement accepté : le divorce, bien que permis, n’est pas encouragé en Islam, sauf en cas de nécessité, car il entraîne souvent des conséquences sociales et psychologiques importantes.