Douter, puis se raffermir : l’exemple de ‘Omar.

Nous avons plusieurs fois évoqué dans nos articles, les vicissitudes des compagnons du prophète, leurs meilleurs et mauvais jours.

Leurs imperfections, sont pour nous, un des meilleurs moyens de nous identifier à eux, et de rendre possible cette proximité.

Car si leur bravoure, loyauté, leur courage et leur foi merveilleuse, est souvent mise en avant, leurs querelles et défauts, leurs erreurs et leurs faiblesses décrits dans les livres, nous permettent à nous, simples musulmans de ce siècle, de nous raccrocher à la Miséricorde d’Allah: Allah les a parfois cité, les a anoblis, et en a fait malgré leurs imperfections, les meilleurs d’entre les hommes.

Ainsi cela nous permet de ne pas nous décourager d’atteindre leur degré, et de les imiter autant que nous le pouvons.

Maintenant faisons ensemble un bond dans le passé.

Le contexte : Nous sommes auprès du prophète. Umar assiste à aux pourparlers à Al Hudhaybiya.

Suhayl ibn ‘amr est venu auprès du prophète envoyé par Al Quraych, afin de rédiger un traité de non-agression, permettant au prophète d’effectuer la 3omra à Mekkah aves ses compagnons. ‘Ali en est le scribe.
L’irrespect de Suhayl durant la rédaction du traité se traduit par ses tergiversations à chaque fois, que ça soit au sujet des termes employés par le prophète dans le traité, ou des conditions comme le refus d’écrire  » Bismillahi rahmani rahim » pour plutôt  » bismilah », il refuse aussi que soit écrit  » le prophète d’Allah, il s’insurge et dit  » Par Allah ! Si nous te reconnaissions comme le messager d’Allah, nous ne t’empêcherions pas de parvenir à la maison sacrée ! Ecris plutôt : « Muhammad ibn ‘abdAllah ».
Cela s’en va jusqu’à même la date d’entrée à la mecque, Suhayl exprime la liberté des quraych d’en décider sans pression : La 3umra devra s’effectuer l’année suivante !
À chaque fois, les croyants sont bouleversés et se sentent diminués. Comment accepter toutes ces tergiversations, alors qu’ils sont les supérieurs? Qu’ils sont le parti d’Allah et que le messager est le dernier envoyé d’Allah sur terre ?! Ils ont de plus gagné des batailles ! Ils ne se sentent pas en mesure de se rabaisser!
Vient alors, à ce moment là, comme une cerise sur le gâteau, la venue d’un prisonnier musulman qui s’est échappé des quraych qui n’est autre que Abu Jandal, le fils de Suhayl, converti à l’Islam !
Certes le stratagème d’Allah est parfait.
Suhayl alors demande :  » Tu devrais nous livrer tous nos hommes qui te rejoigne, quand bien même il suivrait ta religion, et celui là sera le premier pour lequel je te demande d’appliquer le traité ! « 
Le prophète d’Allah rétorque :  » Laisse le nous! de plus le traité n’est même pas encore totalement rédigé « 
Suhayl: NON, NON, ET ENCORE NON !
Abu Jandal ibn suhayl supplie : Musulmans ! Comment puis-je être renvoyé aux polythésites, alors que je suis venu à vous en musulman ? Ne voyez vous pas ce que je subis de leur part?? »
Et effectivement, il avait été gravement torturé pour la cause d’Allah.

'Omar assiste à tout cela... Et ne comprend pas.

Il explique en ces termes : « Par Allah, je n’ai douté depuis ma conversion en dehors de ce jour! » Je me rendis alors auprès du prophète et lui demandai :  » O Messager d’Allah ! N‘es-tu pas le prophète d’Allah? Ne sommes nous pas sur la vérité, alors que notre ennemi est dans l’erreur? Pourquoi donc se rabaisser dans ce qui touche à notre religion? En quel honneur devrions-nous faire demi-tour alors qu’Allah n’a pas encore tranché au sujet du différend qui nous oppose à nos ennemis? »
Le prophète se contente de répondre « Je suis bien le Messager d’Allah et Il me fera triompher. Sache que je ne Lui désobéirai jamais »
Umar poursuit  » Tu nous disais que nous nous rendrions à la maison sacrée et que nous accomplirions le Tawaf autour? »
Le prophète répondit :  » Oui, mais t’ai-je dit que ce serait cette année? Certes Tu t’y rendra et tu accompliras le Tawaf« 
Subhanallah, rude épreuve pour les compagnons, il est question pour eux d’avoir pleine confiance en Allah, puis en son messager. L’être humain est précipité, et ne supporte pas l’attente, la patience est difficile pour lui, et la frustration est grande ! imaginez-vous à leur place? Quelle aurait été votre réaction? Certains en plus auraient ajouté :  » Comment? Peut être qu’en refoulant des nouveaux musulmans qui fuient vers le prophète, ils vont douter, et peut être retourner au polythéisme?!  » Vraiment c’est une situation éprouvante pour la foi des croyants.
 » Non, c’est vrai » acquiesça Umar.
Aussitôt ‘Umar se rend auprès de Abu bakr, et lui réitère les mêmes propos. Abu bakr, le Siddiq, celui qui est plein de conviction lui répond de la même manière que le prophète et lui ajoute : « Attache toi à ses pas jusqu’a ta mort, par Allah il est sur la vérité! « 
On voit là la fraternité, l’appel à être raffermi, à ne pas douter, c’est un soutien et un support merveilleux lorsque le doute frappe au coeur du croyant, de trouver quelqu’un qui te dis  » ne doute pas ! Place ta confiance en ton seigneur puis en son messager ! Ils savent et tu ne sais pas  » Allahu Akbar.
Aussitôt raffermi, ‘Umar s’empresse de faire des bonnes oeuvres pour se faire pardonner par Allah, son attitude envers le prophète. Voilà comment les compagnons n’attendaient pas pour le repentir, et cherchaient à être au plus près de la vérité.
le camp à al Hudaybiya est morose, et les compagnons ne se lèvent pas lorsque le prophète fini la rédaction du traité et leur demande de se lever pour sacrifier les bêtes et se raser la tête…
Il faudra qu’il le fasse lui même ( sous les conseils de son épouse Umm Salamah), pour que la motivation, et le courage reprennent dans le coeur des compagnons, jusqu’à ce qu’ils se ruent pour obéir au prophète au point de déclencher une bousculade…

Le manque de sens est parfois un test qui n'a pour remède que l'application. Puis finalement tout s'éclaire...

Je n’écrirais pas la suite de l’histoire, je vous invite à la lire par vous même et vous rendre compte de ce qui se passa par la suite, pour comprendre à quel point le messager d’Allah n’agit pas sous la passion.

À travers ces choses qui semblaient être un mal pour les croyants, Allah en a fait un grand bien. Tout a été millimétré pour que le destin se produise, et que les Quraysh reviennent sur le cas des convertis parmi les leurs !

Allah en réalité ne fait qu’éprouver les croyants, pour qu’ils puissent voir le résultat de leur confiance en Lui, et comprendre qu’Il est celui qui organise leur vie, de la meilleure manière. Qu’Il vaut mieux que ce qu’ils auraient décider pour eux même !
Ces histoires, doivent nous pousser dans chacune des étapes de nos vies, à nous rappeler que d’autres avant nous, ont été éprouvés dans leurs convictions, dans leur manque de compréhension des révélations, et que la patience porte toujours ses fruits.
Le plus important étant d’être convaincus, et raffermis.
Laisser du temps, afin que les choses se produisent, car parfois l’action n’est pas nécessaire, et l’être humain n’est d’aucune utilité !
 » Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Dieu qui sait, alors que vous ne savez pas. » Coran, sourate al Baqarah.

Pour lire la suite de cette période historique, vous pouvez la trouver dans :  » la vie du prophète » de Shaykh Muhammad ibn ‘Abd al wahhab, agrémenté par les commentaires Shaykh Ibn baz, Editions Al Bayyinah.

Source : Aseela.org