Comment le féminisme « musulman » se sert de notre mère Khadija.

Mise au point sur une légende

Khadija n'était pas une féministe, ni une carriériste.

Nous avions annoncé à nos lectrices, suite à des questions concernant la relation des soeurs avec le monde du travail, que nous reviendrons ultérieurement sur l’argument phare utilisé par beaucoup, à savoir le fait que Khadija, qu’Allah soit satisfait d’elle, travaillait, qu’elle était une femme « indépendante », et travaillait avec les hommes et que c’est d’ailleurs comme ça qu’elle a  » rencontré » le prophète et l’a épousé.
Avant de répondre exactement en évoquant le contexte, il est important de revenir sur une base, et sur ce qui de manière générale, permettrait de définir un des points fondamentaux qui touche à l’idéologie de la musulmane.
Une musulmane, porte en elle des convictions, et ne sert jamais ses intérêts en usant d’une vérité d’apparence pour s’engouffrer dans un raisonnement faux (ce qu’on appelle communément le sophisme).
Nous n’appliquons probablement pas pour beaucoup d’entre nous, tous les principes de l’islam, nous avons nos faiblesses, nous éprouvons certaines difficultés à nous défaire de certaines pratiques, passions, d’un caractère, ou de traditions qui sont parfois la résultante d’une influence familiale, culturelle, ou tout simplement du contexte occidental dans lequel nous évoluons.
Si nous n’avons pas coché toutes les cases permettant de nous hisser vers une certaine forme de piété la sincérité nichée dans nos coeurs nous pousse à reconnaitre nos erreurs, ou nos difficultés ( qu’elles soient matérielles ou d’état d’âme) plutôt que de sculpter des fondamentaux de l’islam pour que ces derniers soient à notre image.
Mentir, tronquer les faits: c’est malhonnête, et n’oublions jamais que cela nous portera préjudice à un moment donné ou un autre, que ce soit dans nos foyers, ou a plus grande échelle dans la société, avant la rencontre avec Allah, celui qui connait chaque parcelle de notre coeur et à la parfaite connaissance des vicissitudes de nos âmes.
C’est cette volonté de dénaturer les faits, qui donne naissance à cette recherche constante de réforme de l’Islam, en accusant nos anciens de faire « vieux jeu » ou bien parce qu’eux ont mal compris l’Islam, tandis que nous sommes « éduqués » en sortant sans cesse la carte  » contexte » . Avant d’être un manque de respect, c’est d’une arrogance sans précédent. Allah a protégé Son livre, et ceux qui ont appliqué au mieux l’Islam nous ont quitté pour que leurs paroles et leurs actes soient figés à jamais. C’est une sagesse dans la mort de ces illustres personnes.
Le féminisme tel que nous le connaissons, n’est pas un concept, mais une idéologie à part entière, et c’est un leurre au service d’intérêts sociétaux malsains, passionnels, carriéristes, et qui ne s’assouvissent jamais. Nous mettons en garde les soeurs, et leur demandons de trouver la force de faire passer le respect pour les hommes et femmes qui ont accepté que le patriarcat est bel et bien le système familial, social et politique de l’Islam. Notre plus grand combat, n’est pas contre les hommes, mais contre l’hypocrisie qui est encore niché dans nos coeurs qui ne veut pas confier à Allah, avec humilité et repentir, les clés de nos affaires et nos projets (1)
  • L'honnêteté dans la recherche de la science, permet de ne pas romancer des faits pour en tirer profit.
Pour revenir au sujet de base:
On prétend que Khadija est un modèle de « femme libérée », indépendante, parce qu’elle était une femme commerçante, mais on « oublie » de dire que si justement elle en est venue à employer notre Prophète ﷺ, c’est qu’elle faisait son commerce à distance, ne voyageait pas et ne se mêlait pas aux hommes. On occulte aussi de dire qu’elle faisait partie d’un clan puissant et noble, et qu’elle était entourée de ses oncles et que les réputations, mais aussi protocoles tribaux et familiaux avaient une importance majeure. Elle n’était pas une femme aux moeurs légères, et son contexte n’a rien à voir avec celui qu’on souhaite calquer à nos petits intérêts.
On nous dira « oui mais elle a quand même discuté avec le Prophète ﷺ pour pouvoir l’épouser, ce qui prouve que la discussion entre collègues de travail est autorisée ». La réponse est que c’est justement faux ! Elle envoyait avec le Prophète ﷺ son esclave le jeune Maysara qui servait d’intermédiaire, et c’est ainsi qu’elle demanda au Prophèteﷺ de l’épouser. Sans oublier qu’elle a préalablement parlé de ses intentions de mariage à Nufaysa, et c’est Amr Ibn Asad ( l’oncle de Khadija) qui reçu de l’oncle du prophète une demande de mariage.

Khadija était-elle une working woman?

Pas une semaine ne passe sans que les journaux ne parlent des dégâts de l’harcèlement des femmes sur leur lieu de travail. La question de savoir si une femme aussi pure que Khadija fréquentait ces lieux ne se pose pas, mais plutôt comment en est on arrivé à l’utiliser pour se donner bonne conscience à propos d’un environnement aussi néfaste que celui des entreprises que nous connaissons ?

Loin des faits historiques romancés, et tronqués on voit bien comment un « fait historique » non soumis à l’analyse rigoureuse peut être dévoyé.
Sans compter que Khadija agissait ainsi avant l’Islam, son activité était donc pré-islamique, donc quand bien même les arguments cités pour défendre un certain comportement sont utilisés, cela n’a aucune portée juridique et on pourrait tout simplement dire que c’est abrogé par l’Islam.
Comme certains usent du fait que des compagnons ont utilisés des « injures » envers des Quraysh, pour légitimer des gros mots utilisés à outrance. Pourquoi donc ne pas parler du fait que les femmes du prophète parlaient à des hommes derrière des rideaux (2), où que les compagnons dormaient à même le sol et donnaient pour beaucoup toute leur fortune pour la gloire de l’Islam? Sommes-nous dans l’utilisation de l’Islam quand cela nous arrange?
Les règles de l’éthique de la femme musulmane et des relations Hommes/Femmes sont traitées comme il se doit dans les ouvrages de jurisprudence qui, au contraire de l’histoire, représentent notre source de loi. Pourquoi les abandonner, si ce n’est par ignorance et malhonnêteté ?
Plus en profondeur, toutes les lois qui sont venues avec la révélation, que ce soit les règles du hijab, le placement de la femme dans les rangs de prière, comme le fait que le dernier rang est le meilleur pour elle (3), la prière de la femme chez elle est meilleure (4), mais aussi les comportements des femmes du prophète y compris en règle générale des femmes des compagnons, vis à vis de leurs pères et leurs époux, nous montrent à quelle point il n’y a pas de contradictions, mais une multiplication de règles qui sont venu légiférer et planifier le travail de la femme, et son comportement. Car la femme peut avoir besoin de recourir au travail, pour X et Y raison, parce qu’elle est aussi un besoin pour la communauté dans de nombreux secteurs où elles sont clairement indispensables, et que l’Islam c’est la justice.
Alors le commerce ou le travail n’est pas interdit, ce qui le rend illégal, c’est la manière dont il est exercé. De plus en plus généralisé sans prendre en compte le contexte, le déficit éducationnel qu’il génère sur les enfants confiés, et l’augmentation des ruptures familiales au profit du carriérisme sous couvert de « libération » de la femme, ou pour palier à un besoin de consumérisme toujours plus grand et jamais comblé, de nombreuses femmes sont poussées à travailler sans prendre en compte les règles dans lesquelles elles peuvent le faire, tout comme les hommes d’ailleurs, par soucis d’alignement avec les nouvelles moeurs et normes, parce qu’une soeur voilée qui travaille « c’est bien » pour la réputation et pour combler le mal-être que nous vivons à cause de la mauvaise publicité sur l’islam: Une femme qui ne travaille pas est dorénavant vue comme une assistée ignare et soumise à des hommes violents. Le travail sans règles ou l’exposition ostentatoire des femmes est devenu le seul moyen de se sociabiliser ou de valider une « productivité » de la musulmane, ce qui est un véritable problème. N’oublions pas que cette volonté d’exposer les femmes, sous le prétexte d’indépendance, est le feu vert pour beaucoup d’hommes pour l’abandon de la protection qu’ils sont censés fournir aux femmes, leur responsabilité de mahram et wali, le soutien et la prise en charge, et pousse vers une Ghira ( jalousie) en voie d’extinction.
L’intelligence et la complémentarité sont assurément le ciment d’une société stable.
Par le nom d’Allah, cessons d’utiliser nos mères, dévôtes, qui n’avaient que peu d’intérêt pour ce bas monde, à tord et en soupoudrant de quelques vérités altérées, nos intérêts qu’elles pourraient désavouer.
Qu’Allah nous permette d’exercer des métiers et des occupations en phase avec les principes de l’Islam, de prioriser ce qu’Allah nous a demandé de prioriser, et de trouver la force d’accepter ce qui pourrait sembler être « un mal pour nous » alors qu’Allah nous érige avec l’Islam comme il n’a jamais érigé aucunes femmes de ce monde.

rédigé par Aseela.org

Article rédigé avec certains passages issus d’un échange avec un imam.
( 1) Hypocrisie similaire évoquée lors des versets descendus en relation avec la bataille : « Puis, quand on fait descendre une Sourate explicite et qu’on y mentionne le combat, tu vois ceux qui ont une maladie au coeur te regarder du regard de celui qui s’évanouit devant la mort » sourate muhammad.
(2) « Si vous leur demandez (à ses femmes) quelque objet, demandez- le leur derrière un rideau: c’ est plus pur pour vos cœurs et leurs cœurs » Quran 33-32
(3) « Les meilleurs rangs des hommes sont les premiers et les plus mauvais sont les derniers et les meilleurs rangs des femmes sont les derniers et les plus mauvais sont les premiers (*) ».
(Rapporté par Mouslim dans son Sahih n°440)
(4) « N’interdisez pas à vos femmes de se rendre dans les mosquées mais leurs maisons sont meilleures pour elles ».
(Rapporté par Abou Daoud dans ses Sounan n°567)